Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Le sol de culture
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⇒ La motobineuse, la bêche fourche et la grelinette
Depuis plusieurs dizaines d’années, la motobineuse est devenue pour le jardinier amateur, l’instrument de prédilection du travail du sol remplaçant la bêche plate de nos grands-parents. La motobineuse est très efficace pour décompacter et aérer un sol de culture sur une profondeur de 15 à 25 cm. Il existe aussi pour les particuliers disposant de surface supérieure à 500 m2, des petits motoculteurs à un ou deux socles amovibles afin d’installer un autre outil comme une fraiseuse ou un émietteur.
La confusion entre le travail d’une motobineuse (souvent appelé à tort motoculteur) et celui produit par le soc d’une charrue est assez fréquente. La motobineuse, parce qu’elle mélange la terre, s’apparente à l’une des techniques de travail du sol dénommées « Techniques Culturales Sans Labour » (TCSL). Le soc d’une charrue effectue un labour (retournement de la terre). Les TCSL ont en commun de ne pas retourner la terre. En fonction de la profondeur de travail du sol effectué par les fraises, la motobineuse produit un « pseudo-labour » (environ 25 cm), ou un travail superficiel du sol (environ 15 cm).
Si pour le jardinier amateur la motobineuse facilite grandement le travail du sol, elle a aussi des inconvénients :
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La rotation des fraises ne fait pas de cadeau aux vers de terre qui sont tronçonnés en plusieurs morceaux. Seule l’extrémité du vers de terre qui contient la tête et les organes vitaux a des chances de survivre. Les autres morceaux sont condamnés à mourir. Toutefois, les fraises ne coupent pas les micro-organismes du sol qui sont essentiels à l’équilibre des écosystèmes.
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Les racines des mauvaises herbes sont découpées en petits morceaux sans être détruites. Finalement, on risque de se retrouver avec plus de mauvaises herbes. On peut en partie éviter cet inconvénient en utilisant un râteau pourvu de dents assez longues pour tenter de récupérer les morceaux de racines. On peut aussi enlever le maximum d’adventices avec une bèche fourche avant d’utiliser une motobineuse.
Il est certain que la motobineuse modifie la biodiversité des sols. Mais ce n’est pas forcément négatif. Si certaines populations macroscopiques sont défavorisées, les microorganismes les plus utiles sont boostés. La vie du sol dépend essentiellement de ces microorganismes et non pas des macro-organismes. Ce sont les microorganismes qui recyclent complètement la matière organique jusqu’aux sels minéraux assimilables par les plantes. Ce sont aussi des microorganismes aérobies qui fixent l’azote atmosphérique dans le sol. En augmentant l’aération du sol, la motobineuse permet aux microorganismes aérobies de coloniser plus facilement le sol en profondeur, ce qui a pour avantager d’accroitre la fertilité du sol. Bien entendu l’aération du sol étant plus importante, l’humus du sol est plus vite minéralisé, ce qui nécessite d’apporter plus de compost tous les ans pour compenser cette perte. Pour de petites surfaces telles qu’on les rencontre de nos jours chez la plupart des particuliers, l’apport de compost organique n’est pas un problème. On trouve facilement dans des magasins spécialisés des engrais organiques équilibrés pour entretenir un sol de culture sans se ruiner.
Pour les petites surfaces de l’ordre d’une centaine de m², la bêche fourche est encore l’outil le mieux adapté pour effectuer un pseudo-labour quand on souhaite préserver au mieux toute la biodiversité originale du sol. Mais son usage nécessite plus d’huile de coude. Il est très souvent indispensable d’étaler le travail du sol sur plusieurs jours. Bien des personnes n’ont pas les capacités physiques pour entreprendre convenablement un pseudo-labour avec une bêche-fourche. Les pertes sur la biodiversité n’étant pas aussi catastrophiques comme le prétendent certains détracteurs de la motobineuse, cette dernière reste encore un outil bien pratique et performant pour aérer un sol de culture.
L’utilisation d’une bêche fourche munie d’une poignée permet d’enlever facilement les racines de certaines herbes coriaces comme le chiendent, et d’éliminer des larves de taupin connues pour être très résistantes aux pesticides. C’est probablement le procédé le plus efficace pour se débarrasser de ce ravageur redoutable sans faire appel à des produits toxiques. La disposition des lames de la bêche fourche évite de blesser un grand nombre de vers de terre. Cet outil convient pour mélanger la terre avec des amendements et des composts sans passer par une motobineuse. Le principe est de retourner une motte 2 à 3 fois tout en cherchant à émietter la terre à l’aide des dents de la fourche. Ensuite, on peut utiliser un émietteur type wolf. Un émietteur type wolf a toutefois l'inconvénient de couper les vers de terre s'ils n'ont pas été retirés au moment du labour. Bien entendu, l’usage de cet outil demande de la force et beaucoup de passages. Ce travail sera d’autant plus difficile si la terre est compacte. Tant pour sa facilité d’usage que pour le résultat obtenu, un émietteur manuel ne pourra jamais égaler le travail d’une motobineuse.
Pour une petite surface, un travail du sol idéal consiste à effectuer un pseudo-labour avec introduction d’intrants (composts, amendements sableux ou calciques correctifs, engrais complets de fond …). Par la même occasion, on procède à un ramassage des racines de mauvaises herbes, des larves de taupin et autres prédateurs qui vivent dans la terre.
Des motobineuses avec moteur électrique sont maintenant disponibles pour un prix très raisonnable dans certains magasins de jardinage ou sites internet. En raison de la puissance réduite du moteur, la plupart de ces outils sont en réalité des bineuses motorisées réservées pour un travail superficiel du sol sur une dizaine de cm après un labour. Ces bineuses électriques conviennent pour préparer un semi sur une parcelle précédemment labourée. Pour un travail un peu plus en profondeur du sol, il ne faut pas hésiter à acquérir un outil plus lourd et puis puissant pourvu d’un moteur électrique de 2000 w tel que la motobineuse Texas ELTEX2000 pourvue d'une béguille réglable pour contrôler la profondeur du travail du sol ; plus d'infos ici. Attention, comme toutes les motobineuses, les performances de cette machine sont acceptables pour un sol dépourvu de galets. Ces derniers peuvent bloquer les fraises ou les abîmer, voire endommager le système d’entraînement. Plus la terre est fine, plus la machine sera performante.
Il y a encore des améliorations à entreprendre sur ces nouvelles machines électriques pour gagner en robustesse et performance. Par exemple l’usage d’une marche arrière pour les machines les plus lourdes ou encore un contrôle de la vitesse des fraisses comme on le rencontre sur les machines avec moteur thermique les plus performantes.
Pour les jardiniers amateurs, il existe des motobineuses avec moteur thermiques dont les performances sont encore largement supérieures aux motobineuses électriques. Par exemple la motobineuse Meso de Pubert convient très bien pour un jardin potager de 100 m2. Pourvu d’une marche arrière, ses 4 fraises permettent un travail du sol jusqu’à 29 cms et son guidon est réglable en tous sens. Ainsi vous pouvez diriger votre machine sans piétiner le sol travaillé.
Depuis quelques années, une autre méthode de bêchage manuel a fait son apparition ; le bêchage biologique avec la grelinette (également dénommée biofourche ou fourche biologique…). Cette méthode consiste à bêcher sans retourner la terre sur environ 25 cm pour éviter que la couche supérieure riche en matières organiques ne soit enterrée. Ainsi, cette technique respecte l’emplacement des différents horizons. Son usage permanent n’a pas ma préférence pour les raisons suivantes :
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Les larves de ravageur comme celle du taupin ne peuvent être ramassées à la main. Comme la terre n’est pas retournée, les ravageurs qui se sont réfugiés en profondeur au début de l’automne ne seront pas détruits par les oiseaux ou les gelées d’hiver.
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Impossible de récupérer les racines des mauvaises herbes situées en profondeur. Les racines coupées par l’outil donneront autant de nouvelles plantules. Finalement, on se retrouve avec plus de mauvaises herbes.
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Les mauvaises herbes ne peuvent être enfouies pour produire de l’humus.
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Il est impossible d’effectuer un mélange des amendements organiques avec la terre d’origine pour augmenter rapidement le volume de terre de jardin riche en humus. Il faut alors attendre que le mélange soit effectué par les vers de terre ce qui demande des années.