Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Traitements
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⇒ Quelques remarques sur les pesticides homologués en agriculture biologique.
L’appellation bio désigne une pratique agricole qui ne dit pas toujours toute la vérité sur ses méthodes. Le label bio ne veut pas dire que le consommateur bénéficie d’un produit qui n’aurait jamais reçu de traitement toxique comme beaucoup d’adeptes du bio le prétendent.
L’absence de pesticide dans les produits bios est souvent évoquée dans la presse écrite, des reportages de TV et sur des sites internet. C’est ce qui est affirmé par exemple dans un article du quotidien « La Provence" le 26 11 2017 où un journaliste prétend que « Le bio garantit qu’une viande n’a pas reçu d’antibiotique ni d’hormone et que les fruits et légumes n’ont pas été traités. » (1).
J’invite tous ceux qui sont convaincus que l’agriculture bio n’utilise pas de produit toxique, à consulter la « liste des produits phytosanitaires autorisés en agriculture biologique sur cultures maraîchères et fraises » en cliquant ici.
Cette liste contient des informations bien étonnantes. Par exemple Il est précisé que la toxicité du spinosad est « assez forte pour les auxiliaires et les pollinisateurs » ; que pour le Gliocladium catenulatum J1446 (nom commercial : Prestop), qu’il y a « Très peu de références en termes d’efficacité » ce qui est aussi le cas pour le Bacillus subtilis QST 713 où il est écrit qu’il n’y a « Pas de référence en termes d'efficacité ».
La France n’est pas le seul pays européen a avoir établi une liste de pesticides homologués en agriculture biologique. En Allemagne, L’Office Fédéral de la Protection des Consommateurs et de la Sécurité Alimentaire a publié sur son site Internet une liste de plus de 120 pages de pesticides explicitement autorisés en agriculture biologique (2), dont certains sont fabriqués par la Sté Bayer connue pour être particulièrement détestée par les associations environnementales.
D’une manière générale, tout traitement bio ou conventionnel à faible risque présente une faible efficacité. C’est en quelque sorte l’équivalent d’un principe général de la pharmacologie ; plus un médicament est efficace, plus les effets indésirables peuvent être conséquents. À l’exception de l’ortie décrite dans un autre article, je ne m’étendrai pas sur les pratiques utilisant des purins et décoctions de plantes (prêle, tanaisie, sureau, absinthe, fougère…), censées remplacer les pesticides synthétiques tels que décrits dans de nombreux livres ou sites internet traitant de l’agriculture biologique, mais qui sont en réalité de véritables poudres de perlimpinpin. Ces préparations n’ont jamais été validées par des études scientifiques sérieuses (publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture et reconnues pour leur fiabilité).
Le charlatanisme a toujours existé en agriculture, mais il a pris un nouvel essor depuis l’émergence des différentes chapelles de l’agroécologie. Les poudres de perlimpinpin, dont l'usage remonte à l'antiquité, ont pour objectif de compléter la panoplie dérisoire des pesticides homologués en agriculture biologique dans le but de créer l’illusion qu’il est possible de remplacer définitivement les pesticides de synthèse. Il faut bien trouver des solutions pour satisfaire la demande des consommateurs influencés par l’écologisme même si pour cela, il faut faire appel aux remèdes douteux de rebouteux.
Les agriculteurs bios, comme tous les agriculteurs, ont besoin de pesticides pour combattre les ravageurs et les maladies. Certains pesticides sont homologués en agriculture bio comme le sulfate de cuivre vendu sous diverses formules et appellations commerciales alors que ses effets sur l’homme et l’environnement ne sont pas anodins. Pour quelle raison ? Parce que l’agriculture biologique repose sur un principe intangible ; on n’utilise que des produits naturels. Or la distinction entre pesticides de synthèse et pesticides naturels n’a aucun sens sur le plan scientifique. Un pesticide naturel peut être tout aussi toxique qu’un pesticide de synthèse.
Le sulfate de cuivre étant un produit naturel que l’on trouve dans la nature, son usage est donc permis en agriculture biologique. Or, ce pesticide toxique contient du cuivre qui est un métal lourd et non biodégradable. Le sulfate de cuivre est très utilisé dans cette filière agricole, en particulier sur les pommes de terre, les tomates, les courgettes, la vigne et les fruits. Et pourtant, l’efficacité du cuivre contre certains bioagresseurs est assez limitée. Sur la vigne les produits à base de cuivre permettent de ralentir la progression du black-rot, mais pas de l’éliminer. L’utilisation des produits phytosanitaires à base de cuivre a été prolongée par l’UE en janvier 2018. (Règlement d'exécution (UE) 2018/84 de la Commission du 19 janvier 2018). À noter que la France et la Suède ont voté contre alors qu’il n’existe aucune alternative au cuivre pour certaines productions en culture biologique.
D’autres substances toxiques sont autorisées à l’étranger pour l’agriculture biologique, mais pas en France comme le Bromure de méthyle, le sulfate de nicotine, la roténone, le Polysulfure de calcium… Chaque pays a sa conception du bio. L’importation de produits bios pour répondre à leur demande croissante en France ne signifia pas que ces produits ont été cultivés selon les critères imposés en France. En outre, des produits autorisés à l’étranger, mais interdits en France peuvent facilement être introduits illégalement par l’intermédiaire de sites internet, voire contrefaits. Il existe même des réseaux de contrebande. Ainsi, 19,4 tonnes de sulfates de nicotine déclarés comme cyanamide de calcium ont été découvertes par la police dans le port de Hambourg (3).
Pour en savoir plus sur les traitements utilisés en agriculture bio, les liens ci-dessous renvoient sur les pesticides les plus connus avec description de leurs bénéfices/risques, en vente libre dans les magasins de jardinerie et sites internet (d’autres produits réservés aux professionnels ne sont pas signalés).
1) La Provence MEDIA & SANTE – 26-11-2017- « BIO, VEGAN, VEGETARISME Manger Healthy : entre tendance et mode de vie améliorée ».
2)https://www.bvl.bund.de/SharedDocs/Downloads/04_Pflanzenschutzmittel/psm_oekoliste-DE.pdf?__blob=publicationFile&v=38
3)https://euipo.europa.eu/ohimportal/documents/11370/80606/2015+Situation+Report+on+Counterfeiting+in+the+EU