Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Fertilisation
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⇒ Exemples de fertilisations raisonnées pour quelques plantes potagères.
Le modèle de fertilisation raisonnée décrit ci-dessous repose sur le principe qu’en dehors de l’azote, la quantité de tous les éléments absorbés par les plantes (y compris les oligoéléments) est en général suffisamment apportée par l’incorporation de fumure de fonds comprenant du compost type mull de l’ordre de 80 à 100 kg/are complétés par 2 kg/are d’engrais bleu Binor 12.12.17 (qui contient de la magnésie et du bore). Cet apport d'engrais complet n'est pas effectué si une analyse de laboratoire montre un excédent de phosphore et de potassium. L'apport de compost est testiné à compenser la perte naturelle d'humus (environ 40 kg pour 30 cm en profondeur de sol travaillé) et celle produite par les récoltes durant une année. Des apports complémentaires d’azote sont le plus souvent nécessaires durant le cycle cultural sous la forme d’engrais minéraux. Les engrais organiques nerveux (comme la poudre de sang) susceptibles de produire un déséquilibre de la fertilisation, sont délaissés (ne permettant pas un apport unique d’azote) d’autant que leur coût est excessif.
Avant plantation, on peut incorporer un engrais organique de fonds tel que le tourteau de ricin (N=5,P=2,K=1) qui a l’avantage de ne pas acidifier le sol (Engrais organique - NF U 42-001 - utilisable en agriculture biologique en application de RCE N°834/2007). Attention, le tourteau de ricin est très toxique pour l’homme et les mammifères en raison de la ricine qu’il contient. Les plantes ne sont pas affectées par ce poison (a). Le tourteau de ricin présente un atout intéressant au jardin étant donné qu’il fait fuir les taupes, les souris, les mulots et les campagnols. Il a aussi un effet répulsif sur le ver blanc, les taupins et les limaces. Mais, on ne sait pas s’il est toxique pour les vers de terre (il n’y a pas suffisamment d’études scientifiques sur la dégradation de la ricine et ses métabolites dans le sol). Il existe des préparations de tourteau de ricin détoxiqué utilisé comme alimentation animale. Il est conseillé de répandre le tourteau de ricin plus d’un mois avant plantation. En raison de sa toxicité, les gants sont indispensables.
La quantité d'engrais organique et minéral est incorporée au sol de chaque planche en fonction de la nature de la culture qu'elle supportera (par ex, les poireaux nécessitent plus d’engrais de fonds), soit pour l'engrais minéral, environ 2,5 fois moins que la dose recommandée par le fabricant (dose recommandée sans apport d’engrais organique). Ce modèle de fertilisation tient compte des observations figurant dans l’article précédent. Ce volume de compost est aussi destiné à compenser les pertes naturelles en humus (voir l'article : Estimation et corrections des pertes en humus). La réserve en éléments nutritifs des principaux éléments majeurs est surveillée à partir d’analyses de laboratoire effectuées toutes les 3 à 5 ans sauf pour l’azote qui évolue plus rapidement et dont le dosage dans le sol durant la saison de culture est réalisé avec un matériel de laboratoire peu coûteux. Une correction minérale en phosphore et/ou en potassium durant la saison de culture est quelquefois entreprise pour certains légumes très gourmands.
En fonction des espèces cultivées et des mesures effectuées durant la saison de culture, les besoins en azote sont complétés par des apports d’urée perlée, de sulfonitrate de Binor, et de nitrate de potasse. L’urée et le sulfonitrate sont décomposés en une semaine en été. Le volume d’eau d’arrosage est contrôlé pour éviter que la réserve de nitrate du sol disparaisse par lixiviation, mais on ne peut l’éviter en cas de fortes précipitations ce qui nécessite des analyses fréquentes de la dose des nitrates présents dans le sol pour déterminer quand il faut renouveler cet apport.
En ce qui concerne l’urée perlée qui n’est pas toujours facile à se procurer pour un jardinier amateur, il faut tenir compte que cet engrais minéral a les mêmes inconvénients que les engrais organiques coup de fouet. L’urée est sujette à une perte plus ou moins importante sous forme d’ammoniac en fonction de la manière dont on l’utilise et des propriétés du sol. Il ne faut pas l’épandre en surface. On l’incorpore soit par un binage sur 5 à 8 cm, soit par un arrosage abondant après dissolution dans un arrosoir. Il est préférable de le remplacer par de l’ammonitrate quand on peut s’en procurer ou du sulfonitrate.
Source : Vilsmeier and Amberger (1980-1984) ; COMIFER – Calcul de la fertilisation azotée ; guide méthodologique pour l’établissement des prescriptions locales -Edition 2013.
a) La dose létale médiale (DL50) de ricine est d'environ 22 microgrammes par kilogramme de poids corporel si l'exposition provient d'une injection ou d'une inhalation (2 milligrammes pour un adulte moyen). L'exposition orale à la ricine est beaucoup moins toxique, car une partie du poison est inactivée dans l'estomac. Une dose orale létale estimée chez l'homme correspond à environ 1 milligramme par kilogramme. On considère que 5 à 20 graines de ricin sont fatales pour l’homme.
Le lecteur de ces lignes sera peut-être tenté de réduire le volume de compost proposé. Il correspond pourtant au volume préconisé sur certains sacs d’engrais organiques homologués vendus dans les magasins de jardinerie souvent enrichis en azote par incorporation de fumiers comme les excréments de poules. Une réduction de l’apport d’engrais organique de fonds sans qu’elle soit compensée par une augmentation de l’engrais minéral composé, risque de produire une chute significative de rendements et l’apparition de maladies consécutives à l’épuisement du sol en éléments majeurs, en particulier phosphore et potassium. En agriculture biologique, la baisse de rendements a été constatée en grandes cultures de céréales quand les exportations de phosphore ne sont pas ou insuffisamment compensées (1).
En cas de baisse brutale d’azote assimilable et si la réserve du sol en potasse n’est pas élevée, le nitrate de potasse convient pour un apport instantané et précis d’azote sans passer par la microflore du sol. Le nitrate de potasse est consommé immédiatement par les feuilles et les racines. On peut se procurer du nitrate de potasse solide (nitrate de potassium ou salpêtre) sur certains sites internet ou sous forme liquide dans les magasins de jardinerie ou coopératives agricoles.
Pour chaque culture potagère, les besoins en sels minéraux varient en fonction des conditions climatiques locales, de la nature du sol, de la saison de culture, de la manière dont les cultures sont protégées contre les intempéries, etc… Il faut aussi tenir compte des nouvelles variétés qui apparaissent tous les ans et qui n’ont pas forcément les mêmes besoins en sels minéraux par rapport aux variétés anciennes. Les chiffres précisés ci-dessous concernant essentiellement l’apport d’azote sont donc purement indicatifs et ne concernent que les cultures en plein champ.
Avertissement :
La dose en azote indiquée pour chaque culture précisée ci-dessous est exprimée en Kg/are (kg/100 m²). Chaque apport doit être effectué après analyse des nitrates encore présents dans le sol. L’apport n’est pas appliqué si la dose de nitrate dans le sol dépasse 50 ml/l mesurée avec une bandelette test (voir le mode d’emploi en cliquant ici). Les valeurs exprimées en Kg/are d’un élément doivent être corrigées pour obtenir le poids de l’engrais en sac (qui contient d’autres éléments). Par ex : l’urée perlée contient 40 % d’azote. Pour un indice d’azote de 0,30 kg/are, le poids réel de l’urée perlée en sac est de 0,30/40x100 = 0,75 kg/are.
Pour chaque plante potagère, les carences possibles les plus fréquentes sont précisées tenant compte notamment de l’étude du Ctifl du 31-7-2012.
Récolte d'ail rose planté en automne
L’azote augmente le poids moyen des têtes d’ail ; le potassium renforce également le volume des bulbes. À cause des besoins en soufre, il est préférable d’apporter l’azote sous forme de sulfate. En couverture, le sulfonitrate de Binor (26 N - 32,5 SO₃) convient très bien. On peut aussi apporter du sulfate d’ammonium (NH₄)₂SO₄.
Un compost bien décomposé incorporé quelques mois avant plantation ne produit pas de maladie. Toutefois, certains auteurs préconisent un intervalle d’un an entre incorporation d’engrais organique et plantation de l’ail. Un sol pauvre en humus se traduit souvent par la production de têtes minuscules. Pour l’ail d’hiver, l’apport de potassium est nécessaire à la sortie de l’hiver sans lequel on risque d’obtenir des caïeux rachitiques qui auront du mal à se conserver.
Courant mars et après la fin des fortes gelées, on commence les apports fractionnés avec de petites doses d’azote et de potassium selon le rapport 1/1 (mélange de nitrate de potasse + sulfonitrate tous les 15 jours). La dose pour chaque apport est d’environ 0,100 kg/are.
Attention, l’excès d’azote produit plus de feuillage et diminue le volume des têtes. 2 à 3 semaines avant la récolte, certains maraichers nouent le feuillage afin que la sève montante (provenant des racines) s’accumule dans les têtes qui vont alors augmenter en volume. L’ail d’hiver est arraché courant mai dès les premiers signes de fanage pour éviter que le bulbe ne soit envahi par des moisissures.
Cette plante potagère de région chaude préfère des terres profondes bien pourvues en compost. Il est conseillé d’enfouir 4 kg de compost au m² avec environ 100 g/m² d’engrais minéral de fonds.
L’aubergine ne supporte pas les excès d’azote avant la fructification et elle est très sensible à la carence en magnésium. Pour cette raison l’aubergine préfère les sols argilocalcaires riches en magnésies. Il est nécessaire d’incorporer 6 mois avant la plantation une bonne dose de compost mûr. Mi-juin et après formation des premiers bouquets de fleurs, un apport d’azote complémentaire par petites fractions est effectué après mesure du nitrate présent dans le sol. Dose ; environ 0,150 kg/are. Bandelette test : ne pas dépasser 50 mg/l.
Betterave rouge
Culture relativement facile si l'on tient compte des exigences de la betterave rouge en matières organiques et en azote. Toutefois, un excès d’azote provoque une décoloration du feuillage et une altération des racines qui sont plus petites avec un gout désagréable. Sensible à la carence en bore. Après mesure des nitrates du sol qui ne doivent pas dépasser 50 mg/l, effectuer un apport complémentaire par petites fractions d’azote 1 mois après le semi au stade de 5 feuilles. Dose : environ une cuillère à soupe d’urée perlée tous les 20 jours pour 5 m² ou deux lignes de plantation 0,3/10 m. Effectuer un apport de bore en couverture sous forme d’engrais foliaire si on constate une carence.
En région méditerranéenne, la betterave rouge d’Égypte, race sultan, résiste bien à la montée en graine durant la période estivale. Je conseille d’effectuer les semis au printemps, car cette plante potagère craint les fortes chaleurs qui produisent un arrêt de la croissance. C’est une variété hâtive produisant de grosses racines bien parfumées et sans cavité. Bonne conservation au frigo dans un emballage plastifié (plusieurs semaines). Cuisson pour les grosses racines ; 30 mm dans l’autocuiseur.
Préfère des sols silico-argileux riches en humus. Un excès de calcaire durcit les cardes. Exigeant en potassium à introduire en début de culture (organique ou minéral). Ensuite apport d’azote sous forme d’urée perlée 3 fois durant la saison de culture. Dose 0,200 Kg/are.
Cette plante potagère d’origine méditerranéenne est moins sensible à la montée en graine si le semi est effectué début printemps après les dernières gelées. Sa croissance ralentit en saison chaude pour devenir plus vigoureuse à la fin de l’été.
culture de carotte nantaise améliorée sous filet anti-insectes
Le cycle de la carotte dure entre 4 à 6 mois selon la variété. Le semis est effectué début avril à mi-mai et les récoltes commencent fin été début septembre. Au préalable, avant le semis, il est primordial que la terre soit bien émiettée en profondeur afin d’éviter l’apparition de carottes fourchues. Une terre lourde et/ou contenant des cailloux ou des mottes endurées favorise le développement de carottes fourchues. Une terre sableuse et bien aérée a un effet inverse. D’autres facteurs peuvent contribuer à la dégradation de la racine tels des carences en bore ou en calcium, une période de canicule, un sol riche en matières organiques peu décomposées.
Les besoins en azote sont les plus instantanés au moment de la formation du feuillage. La fumure organique doit être apportée à l’automne pour éviter la transmission de maladies.
Avant le semis, afin de compléter la fumure organique d’automne, incorporer un engrais composé bleu de Binor (12.12.17) comprenant de la magnésie et du soufre. Un apport complémentaire d’azote (urée ou ammonitrate) est effectué au stade de 4 feuilles bien développées soit environ 50 jours après le semi. Dose : 0,50 kg/are à renouveler 30 jours plus tard en portant la dose à 0,100 kg/are.
Environ 100 jours après le semi, le potassium est apporté (sauf si le sol contient déjà un fonds suffisant en potassium) pour favoriser le grossissement des racines, par exemple sous la forme de nitrate de potasse. Dose 0,010 kg/are (environ 3 gr de nitrate de potasse en sac dissous dans un arrosoir de 12 l pour 5 m²) renouvelée tous les 2 à 3 semaines après vérification de l'état des racines.
Un excès d’azote augmente la production de racines fendues. Les carottes sont sensibles à l’apport de potassium, mais un excès produit rapidement une carence induite en magnésium. Une couleur brune des racines indique une carence en bore. L’apport de fumier trop pailleux donne des racines fourchues.
Céleri rave protégé par un filet anti-insecte
La culture de ces deux variétés de céleri est réputée difficile sur des terres riches en carbonate de chaux. Le taux de calcaire libre doit être le plus bas possible. Pour cette raison, il ne faut pas cultiver le céleri sur une terre qui vient d’être chaulée. Pour les terres trop calcaires, il faut incorporer de l’argile au sol de la planche qui va recevoir la plantation ainsi qu’une bonne dose de compost bien décomposé 3 mois avant plantation.
Un enfouissement de compost à l’automne se caractérise par une augmentation sensible des rendements. Le céleri supporte difficilement les carences en magnésium et en bore.
J’ai toujours eu de bons rendements de céleri rave alors que le sol de mon potager contient 40 % de calcaire, parce que la planche destinée à recevoir le céleri reçoit à chaque fois une bonne couche de matières organiques, mais aussi parce que j’élimine systématiquement les adventices que ne tolèrent pas les différentes espèces de céleri. Le céleri rave Monarch est la variété que je cultive le plus souvent, car il résiste assez bien aux chaleurs de la région méditerranéenne.
La chlorose des feuilles âgées est une maladie qui se rencontre souvent chez le céleri. Elle commence par se manifester au sommet des feuilles pour se propager entre les nervures. Puis, apparaissent des taches nécrotiques brunes et les feuilles finissent par tomber. Cette maladie est le plus souvent causée par une carence en magnésium, mais elle peut aussi être induite par un excès de calcium, voire de potassium. Pour certaines variétés, c’est l’excès de soufre qui provoque la chlorose des feuilles. Une analyse de laboratoire du sol est le seul moyen de connaître l’origine de cette maladie. Si on est en présence d’une carence en magnésium, celle-ci se corrige par la pulvérisation d’une solution de 1 à 1,5 % de sulfate de magnésium (ce produit est également connu dans les milieux sportifs pour ses propriétés de relaxation musculaire) en vente sur des sites internet, les COP agricoles et certains magasins de jardinerie.
Voici un produit efficace : « Algoflash soin conifère anti-brunissement » (les conifères sont également très sensibles à la carence en magnésium). Certains maraichers utilisent cette solution tous les ans à titre préventif. Il est également possible d’incorporer un engrais de fonds avant plantation type engrais bleu Binore qui contient de la magnésie.
La chlorose des feuilles peut se confondre avec un fanage précoce provoqué par une période de canicule. Le céleri produira de nouvelles feuilles dès la fin de cette canicule sous réserve qu’il soit bien arrosé. La dimension des têtes sera souvent plus petite.
Des apports fractionnés d’azote sans support de calcaire (comme le nitrate de potasse) avant le « boulage » de la racine (formation de la tête du céleri) augmentent les rendements. La dose totale est environ 0,130 kg/are réparti en 2 fois. Après la formation de la tête, l’azote a un effet défavorable. En cas d’excès d’azote, des taches de couleur rouille apparaissent sur les racines. Le chlorure du potassium (2 kg/are), quand on peut en trouver, donnerait également de bons résultats.
Culture de concombre sur un support grillagé vertical
Le concombre est l’un des légumes les plus appréciés par les Français. Les fruits que l’on trouve dans le commercer sont essentiellement issus de culture sous serre. Le concombre craint la salinité apportée par certains engrais minéraux produisant un ralentissement de la croissance et n’aime pas l’azote ammoniacal. Un engrais organique de couverture (comme le purin d’ortie préconisé sur certains sites internet) ou un engrais minéral uniquement ammoniac (comme l’urée perlée) est donc à proscrire. Tout compost doit être incorporé au sol 6 mois avant la plantation.
Le concombre est également sensible aux carences en fer, magnésium et manganèse. Il ne supporte pas du tout une carence en molybdène. Le concombre doit donc être cultivé dans des terres légèrement alcalines, ce qui favorise l’absorption du molybdène.
Dans les 15 jours qui suivent l’apparition des premières feuilles, le concombre doit développer une touffe racinaire importante sur un rayon de 50 à 60 cm sans laquelle une production importante de fruits durant une longue période sera impossible. Cette période de formation des racines est cruciale et nécessite un apport complémentaire d’une fumure azotée dans le périmètre des racines après vérification des nitrates présents dans le sol à l’aide d’une bandelette test.
Pour un apport en molybdène, ce dernier peut être apporté dans un engrais complet liquide pour plante en pot ou de jardin (comprenant plusieurs oligoéléments ; en vente dans des magasins de jardinerie et sites internet, voir par ex en cliquant ici, ou d’engrais liquide comprenant également du bore en vente dans des COP agricoles ou sites internet. Le molybdène devrait être apporté systématiquement dans les cultures de concombre à titre préventif.
Le concombre est exigeant en fumure si on veut obtenir des fruits durant 4 à 6 mois ce qui nécessite un apport régulier d’azote tous les 15 jours (par ex Sulfonitrate de Binor, nitrate de potasse ou de chaux, nitrate de calcium soluble), soient environ une dizaine d’apports durant la saison de culture. Dose approximative d’azote pour chaque épandage : 0,100 à 0,150 kg/are. Le potassium et le phosphore apportés par un engrais de fonds avant plantation devraient suffire. Un apport élevé en potassium n’améliore pas les rendements.
Courgette diamant hybride F1
La courgette est connue pour sa croissance très rapide avec un cycle assez court (environ 90 jours) ce qui nécessite une bonne fumure de fond pour répondre à ces besoins. La culture de la courgette est considérée comme facile si on choisit des variétés résistantes à certaines maladies, surtout l’oïdium. Les pucerons l’adorent et peuvent apporter des virus sur certaines variétés. Pour un sol bien pourvu en compost mûr qui en principe doit contenir suffisamment de potasse et de phosphate, prévoir en couverture 2 à 3 épandages d’azote pour un total d’environ 0,250 kg/are, voire plus pour certaines variétés hybride F1 apparues récemment en jardinerie, après détermination de la dose suite à une analyse du sol.
culture d'échalotes jarmor
La culture de l’échalote est réputée difficile, se traduisant quelquefois par des rendements médiocres. L’échalote ne tolère pas la concurrence des adventices même si son cycle cultural est assez rapide. En région méditerranéenne, je n’ai jamais eu de problème avec la variété Mirkor réputée pour être très résistante aux maladies, y compris sur un sol calcaire, sous réserve de procéder de cette manière :
Une fumure organique bien décomposée est indispensable, mais celle-ci doit être enfouie à l’automne pour une plantation prévue au printemps courant mai après les dernières gelées. Ne jamais enfouir de compost au moment de la plantation, ce qui risque d'augmenter l'apparition de maladies bactériennes et cryptogamiques. À la place, les jardiniers expérimentés enfouissent un engrais complet minéral (type engrais bleu) au moment de la plantation sur une parcelle ayant reçu un engrais organique depuis un an minimum. Un engrais minéral NPK type 12-7-17 contenant du magnésium et du soufre favorise les bulbes.
L’excès d’azote favorise le développement du feuillage au détriment des bulbes qui deviennent sensibles aux moisissures. Durant la période de croissance, apporter seulement 1 à 2 fois de l’azote minéral pour un total de 0,4 à 0,55 kg/are.
L’échalote se récolte en juillet avant fanage complet et après vérification de l’état des bulbes. Si on attend trop longtemps, les moisissures s’installent dans les bulbes. Les échalotes sont placées sur un support à l’air libre à l’abri de l’humidité et des rayons du soleil jusqu’à ce que le feuillage soit entièrement fané. Les fanes sont ensuite récupérées pour être placées dans un composteur. De cette manière, tout risque de maladie tellurique est largement réduit, les échalotes seront bien nourries dans un sol encore bien pourvu en humus produit les années précédentes et entretenu par des rotations. Cette technique culturale doit être adoptée pour tous les bulbes consommables tels que les oignons de Mulhouse.
En dehors du fait qu’il est sensible à des viroses apportées par des pucerons, le haricot est connu pour la particularité de ses racines où se développent des nodosités abritant des bactéries fixatrices d’azote. Pour autant, une carence en azote peut se manifester au début d’un semi au printemps, le sol n’étant pas suffisamment réchauffé pour que les bactéries fixatrices d’azote puissent se développer dans les nodosités. Le haricot est très sensible à la carence en zinc. Il est sensible à la carence en cuivre et molybdène. Il n’aime pas trop les terrains calcaires sujets à la carence en manganèse. On peut éviter toutes ces carences par un apport de compost bien décomposé avant semi et l’absence de semi en saison froide. Le potassium est un élément déterminant dans la culture du haricot. Sauf si le sol est déjà bien pourvu en potassium, ce dernier doit être apporté au cours de la culture par ex sous la forme de nitrate de potasse..
Laitue feuille de chêne
La laitue a un cycle cultural assez rapide et elle est sensible à la carence en bore et molybdène. Elle craint la chaleur et la sécheresse. L’excès d’azote favorise les attaques de champignon (botrytis et Rhizoctone).
La laitue est très gourmande en azote, surtout en saison estivale. C’est pour cette raison que la laitue profite peu des engrais organiques, la minéralisation de leur azote étant trop lente. La laitue a un port racinaire assez faible, ce qui nécessite d’enfouir un compost de fonds sur une profondeur de 10 cm maximum.
Au moins deux apports d’azote sont préconisés durant les 40 jours qui suivent la plantation (dose environ 0,050 puis 0,120 kg/are).
En région PACA, en saison estivale, la culture des salades est problématique en raison de son cycle cultural très court qui débouche rapidement par une montée en graines. Pour éviter cet inconvénient, il faut adopter le mode de culture des maraichers dont le principe est de renouveler les plantations toutes les semaines. Pour la saison estivale, il faut choisir des variétés résistantes à la chaleur comme la laitue blonde paresseuse. La période de récolte ne dure que quelques jours pour chaque plantation. Un jardinier amateur doit calculer sa consommation de salade sur une semaine afin de prévoir le nombre de plants tenant compte de perte possible suite à des attaques de limaces, botrytis, grêle, etc. Le renouvellement périodique des plants permet ainsi d’obtenir des productions jusqu’aux gelées. À noter qu’en grandes cultures maraichères, les salades sont souvent repiquées sur une protection plastique pour réduire la sortie d’adventices. Ce procédé évite un désherbage mécanique ou chimique, et c’est un gain de temps et financier pour le maraicher.
Le melon se cultive sur des terres particulièrement bien aérées afin d’obtenir un enracinement profond. Un labour très profond est même conseillé de l’ordre de 40 à 50 cm, voire plus. C’est une plante qui a besoin d’arrosages fréquents et qui est très sensible à la carence en fer, magnésium et molybdène. Il est également sensible à la carence en phosphore se traduisant par une chute de production de l’ordre de 50 %. Pour cette raison, certains maraichers effectuent quelques apports en phosphate soluble durant le cycle de culture. Une mauvaise alimentation azotée se traduit par des chutes de fleurs et une perte de production. Un excès d’azote produit également une perte de rendement.
En région PACA, la culture en plein champ par des maraichers et agriculteurs se remarque au printemps par l’utilisation de tunnels en plastique et de paillages plastifiés. Cette technique a l’inconvénient de réduire la possibilité d’effectuer des apports complémentaires en éléments nutritifs. Pour cette raison, et aussi parce que cela convient très bien à la culture du melon, la fumure est essentiellement apportée avant plantation. Plusieurs études ont démontré qu’un apport important de compost avant plantation est très favorable à la culture du melon sous réserve que ce compost soit enfoui 4 à 6 mois avant la culture pour éviter la transmission de maladies telluriques. On obtient aussi un bon résultat avec un engrais de fonds minéral enfoui au printemps avant plantation. Au milieu du cycle de culture, une petite dose d’azote s’avère utile, la dose étant de 0,060 à 100 kg/are.
Récolte de navets de Nancy
Un sol riche en calcaire doit contenir beaucoup d’humus pour réduire le calcaire libre non toléré par le navet. Ce dernier est très sensible à la carence en manganèse et bore. Il est également sensible à la carence en fer et craint le fumier récent. L’azote est apporté en une ou deux fois après le semi. Dose totale 0,3 kg/are.
Avec une bonne fumure équilibrée, les têtes de navet grossissent très rapidement. Semés au début du printemps, les navets se récoltent début été pour être remplacés par une autre culture. Il faut échelonner les semis pour avoir des récoltes durant tout l’été et l’automne.
Persil frisé
À l’encontre de ce qui est quelquefois prétendu, le persil est une plante épuisante qui a besoin d’une fumure de fonds et un apport d’azote avant et après la première récolte. La dose d’azote est de 0,2 kg/are. Le persil géant d’Italie est plus facile à cultiver. Le persil frisé est apprécié pour ses feuilles finement découpées.
Le persil demande une terre bien aérée et sa germination a lieu au moins 3 semaines à un mois après le semi. Les graines de persil sont très petites et la réussite d’un semi n’est pas évident si ce dernier n’est pas recouvert d’une fine couche de terreau « spécial semi » suffisamment arrosé. Ce terreau est aussi recouvert d’une protection plastique qui va à la fois produire une augmentation de température de la surface du sol et ralentir la perte d’humidité.
Les graines de persils sont fréquemment prélevées par les fourmis et c’est souvent la cause principale de l’échec d’un semis. Le semis doit donc être protégé sur sa périphérie par un insecticide répulsif contre les fourmis contenant par exemple un pyréthrinoïde.
La culture du poireau est assez facile à condition de lui apporter une fumure riche en azote, phosphore et potassium, de l’ordre de 1,5 kg/are à 0,6 kg/are pour ces deux éléments majeurs. Si le sol est suffisamment pourvu en Potassium et phosphore, 60 % de l’azote (urée ou ammonitrate) est fourni en 2 à 4 fois après repiquage. Dose totale : environ 0,250 kg/are.
Encore dénommée bette, la poirée est assez facile à cultiver et n’est pas très sensible aux carences en fer magnésium, etc.. Mais, elle consomme beaucoup d’azote et surtout de potassium. Un apport de nitrate de potasse au cours de la saison estivale s’avère souvent très profitable. Dans la mesure où le sol est bien pourvu en Potassium et phosphore suite à un engrais organique et minéral de fonds, seul l’azote est apporté en 3 fois toutes les 2 semaines dans une période s’étalant jusqu’aux premières gelées d’automne. Environ 0,3 kg/are.
Son cycle végétatif est assez court et il craint la chaleur. Comme le haricot, ses racines sont pourvues de nodosités remplies de bactéries qui fixent l’azote. En cas de carence et bien que le pois soit peu exigeant en phosphore, ce dernier est apporté avant le semi. En général, le pois est peu exigeant en fer et magnésium. Un sol bien pourvu en potassium et phosphore suite à un apport de compost à l’automne n’a pas besoin d’apport supplémentaire en ces éléments durant le cycle cultural du pois.
jeune plant de poivron
Légume relativement facile à cultiver en région PACA parce qu’il aime la chaleur, mais il déteste la sécheresse. Il est très sensible à la carence en magnésium et ne tolère pas la concurrence des adventices. La demande est forte en phosphore au moment de la floraison.
La croissance du poivron est lente avec une récolte tardive. Par rapport au phosphore, il est moins gourmand en potassium. La forte demande en phosphore nécessite souvent un apport supplémentaire sous la forme d’engrais coup de fouet en vente dans les magasins de jardinerie. Avant la plantation, il est préférable d’apporter une bonne fumure organique de fonds, car le poivron est sensible à la carence en de nombreux éléments fertilisants provoquant un arrêt de la croissance. Il existe en quelque sorte des terres à poivron parce qu’elles sont naturellement bien pourvues en magnésium, phosphore assimilable et oligo-éléments. Les carences en ces éléments sont souvent à l’origine des échecs de culture du poivron. Apport fractionné d’azote tous les 20 jours ; dose totale : 0,180 kg/are.
Le climat sec de la région PACA est favorable à la culture de la pomme de terre qui craint l’excès d’humidité favorisant les attaques du mildiou. Il est plus facile en région PACA de contrôler par irrigation la quantité d’eau juste nécessaire pour éviter le mildiou. Même en région PACA, la pomme de terre peut être victime du mildiou provoqué par une irrigation mal contrôlée sur des terrains lourds et compacts.
Les pommes de terre aiment un sol léger et surtout sableux ; des conditions idéales que l'on retrouve notamment dans l'île de Noirmoutier réputée pour la culture précoce de la "bonnotte" ramassée à la main avant maturité (90 jours après la plantation). Dans cette île Bretonne, l'on cultive aussi les variétés "Sirtima", "Iodéa" et "Lady Christ". Pour obtenir une qualité gustative comparable aux différentes variétés de pommes de terre cultivées à Noirmoutier dont la réputation n'est plus à faire, il est nécessaire que la structure d'un sol lourd soit améliorée par l'apport d'amendements riches en sable, mais pas seulement. Le sol doit être bien pourvu en humus, assurant une bonne réserve de phosphore assimilable et riche en oligoéléments.
La pomme de terre est en effet très exigeante en phosphore qui doit être apporté avant la plantation ou avant le buttage ; par exemple le phosphate naturel solabiol contenant 29 % d’anhydride phosphorique pour arbustes et légumes si la réserve en phosphore assimilable dans le sol n'est pas suffisante. Un apport de sulfate de potasse améliore la résistance de la plante qui produira des tubercules plus gros et plus abondants. Toutes les variétés de tubercules sont sensibles à la carence en fer, zinc et manganèse et très sensibles à la carence en bore. Un déficit de ces oligoéléments est souvent à l'origine de rendements médiocres et de maladies accentuées par l'absence de rotation. Une bonne quantité de compost introduit à l’automne réduirait les attaques de rhizoctone.
En grande culture conventionnelle, les apports sont environ 100 unités d'azote, 150 unités de phosphate et 150 unités de potasse juste avant plantation sous forme de 11-15-15 soit 10 qx/ha. En début de culture, les apports d’azote ammoniacal comme l’urée conviennent très bien. Dose environ 0,150 kg/are. Si l’apport d'azote est indispensable pour assurer le grossissement des tubercules, un excès favorise le développement de la végétation au détriment de la tubérisation. Un excès d’azote produit également une augmentation des sucres réducteurs dans les tubercules se traduisant par un brunissement à la friture. Il est donc nécessaire d'effectuer un nitratest avant de décider d'un apport d'azote.
Les tubercules sont déposés dans une raie tracée à l’aide d’une houe ou d’un outil muni d’un soc sur 3 à 5 cm de profondeur (en grande culture on utilise une planteuse). Chaque raie est ensuite recouverte par un léger buttage afin que les tubercules se trouvent à une profondeur de 12 à 15cm. Un à deux buttages sont nécessaires au cours du cycle végétatif. Le dernier buttage est réalisé au plus tard lorsque la végétation atteint 15 à 20 cm de hauteur.
Radi national
La culture du radis est relativement facile quand il est bien protégé contre le ver d’une mouche polyphage qui attaque aussi le navet et qui creuse des galeries dans les racines (voir l'article sur les protections par filets anti-insectes). Le radis demande un sol frais très riche en humus. Il est sensible à la carence en bore et à la sécheresse. Un excès d’azote provoque une augmentation du feuillage avec des têtes plus ou moins minuscules. En principe, la culture du radis ne demande pas d’apport supplémentaire d’azote avant récolte. Prévoir simplement un sol bien humifère avant d’effectuer un semi. C’est la condition sine qua non de la culture des radis.
Culture de tomates en espalier
La tomate est sensible à l’excès d’humidité, à la carence en zinc, bore, fer, manganèse et magnésium. Elle est très sensible à la carence en molybdène. Un printemps humide en région PACA favorise les infections cryptogamiques (mildiou, alternariose…). Les tomates ont des besoins changeants au cours de la saison de culture. Par exemple, la phase de formation du fruit demande beaucoup de potassium et la phase de maturation du fruit consomme plus d’azote. D’une manière générale, on distingue 4 périodes d’assimilation des éléments nutritifs :
Phase 1 : De la plantation à la nouaison des premiers fruits, les tomates consomment peu d’éléments nutritifs. C’est aussi la période de formation des racines. Un apport de phosphore soluble (sous forme d’engrais foliaire) produit des racines bien fournies. Les tiges de tomate sont fragiles, car elles contiennent peu de matière sèche. Leur cuticule est fragile, ce qui peut favoriser les premières attaques de bioagresseurs. Pour cette raison, certains maraichers pulvérisent à titre préventif de la bouillie bordelaise sur les plants avant leur transfert en plein champ.
Phase 2 : Elle s’étale sur 9 semaines et correspond à la formation et à la récolte de 80 % des fruits avec consommation de beaucoup d’azote et de phosphore. Une partie importante de ce phosphore se retrouve dans les fruits. La consommation du potassium est très forte. Par contre l’assimilation du calcium et du magnésium est faible.
La concentration en matières azotées est importante dans les premiers fruits puis diminue progressivement. Un feuillage avec des teintes vert clair indique une carence en azote.
La tomate réagit bien à des apports de soufre. Des apports successifs de « sulfonitrate » de Binor et de nitrate de potasse s’avèrent très utiles.
Durant cette phase, les tiges des tomates se renforcent et deviennent plus résistantes à commencer par les tiges les plus anciennes ; une évolution que l’on constate lors de la taille des gourmands quand ils ont pris trop d’importance. Dose totale d’azote : environ 0,150 kgs/are.
Phase 3 : Cette phase qui dure environ 5 semaines se caractérise par une augmentation de la consommation de l’azote, du magnésium et du calcium et une réduction de la consommation du potassium. Les tiges continuent à se renforcer. Des apports d’azote ammoniacal s’avèrent utiles. Dose d’azote, environ 0,200 kg/are.
Phase 4 : On assiste à un épuisement de la plante correspondant à son entrée dans le « 3e âge » avec une production des fruits en baisse. En culture pleine-terre, des maladies cryptogamiques commencent à s’installer. La consommation d’azote est pratiquement nulle. Par contre la consommation en calcium est très élevée. La consommation du phosphore est normale, mais celle du potassium et du magnésium est très faible.
Fumure de fonds : En raison de la forte consommation de phosphore et de potassium durant certaines périodes du cycle végétatif, un engrais minéral riche en ces éléments, complète au printemps l’apport d’un compost effectué à l’automne.
Atuce
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De nos jours, la plupart des jardiniers amateurs plantent des tomates en godet. Pour éviter le stress du repiquage, je conseille de pulvériser de la bouillie bordelaise après transfert des plants dans le sol. Ce traitement préventif contre l’invasion de maladies telluriques doit au moins être renouvelé une fois dans les 10 jours.
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Les plants greffés prennent beaucoup de place et leurs racines ont besoin de beaucoup d’espace dans le sol. Donc, il faut bien respecter les distances recommandées entre les plants (environ 1 m) et les lignes (minimum 80 cm).
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Les tomates craignent davantage l’excès d’humidité que la sécheresse y compris en région PACA. Vérifier l’état hydrométrique du sol à environ 10 cm de profondeur avant d’établir les intervalles d’arrosage. Certains matériaux comme la tourbe permettent d’augmenter les intervalles d’arrosage. C’est aussi le cas des terrains bien pourvus en argile et matières organiques. Un sol riche en biodiversité microbienne favorise la rétention de l’eau. L’état hydrométrique du sol peut être vérifié avec précision à l’aide d’un testeur d’humidité du sol en vente dans certains magasins de jardinerie ou sites internet.